Tigresse du Sertão
Poster un commentaire7 décembre 2014 par Julie Curien
Coup de projecteur, ce jour, sur un genre précis : le roman armorial, qui s’est développé dans les années 1970, aux côtés de la musique, de la peinture ou encore de la gravure… armoriales tout autant. Késako ? Ce mouvement se caractérise par une écriture où l’image, concrète, puissante, reine, réfléchit un dense répertoire de romances populaires propres au Nordeste brésilien, terroir rural du XXème siècle rencontrant un terreau traditionnel : la culture médiévale ibérique.
C’est dans ce genre privilégiant l’emblème, le symbole, que Raimundo Carrero (1947 – ) inscrit l’intrigue de Bernarda Soledade : tigresse du Sertão initialement paru en 1973 sous le titre original Bernarda Soledade, Tigre do Sertão. Son premier roman présente l’originalité de camper presque exclusivement des personnages féminins… pris de passion et de soif de pouvoir… absolu ! Les héroïnes de cette aventure étrange et poétique se présentent donc comme des cavalières sans peur et sans reproche — l’aînée singulièrement : Bernarda Soledade. Elle dompte les bêtes et règne sur les maisons alentour. Mais la toute-puissance rime avec une folie qui s’immisce de toutes parts en cette demeure semblant s’entêter à dominer pour ne pas dire anéantir les hommes… le fantôme du père… le spectre d’éventuels enfants mâles… jusqu’au cheval du maître… et l’oncle devenu amant, qui oscille entre vengeance, soumission et filiation… le destin peut-être ?
Un objet pour le moins étonnant, porté par les gravures expressives et enlevées de Fernando Vilela (né en 1973 à São Paulo), traduit du brésilien Hubert Ténzenas et publié par les éditions par Anacaona en 2014, dans la collection Terra. Tout s’explique : cette collection est spécialisée dans la littérature du Nordeste brésilien, témoin de la première rencontre entre les Indiens et les Européens…