Depuis le puits…
Poster un commentaire3 janvier 2015 par Julie Curien
PETIT FRÈRE : Ce puits est un utérus. Nous allons bientôt naître, toi et moi. Nos cris sont la douleur d’un monde qui accouche.
GRAND FRÈRE : Je ne pourrais pas supporter de te voir grandir sur une terre en friche comme ce puits : un endroit où l’on meurt sans repos, par la simple inertie des civilisations, un cimetière où l’on fane, comme une fleur impuissante à polliniser les champs. C’est de penser que toi, tu puisses mourir qui rend mon monde si petit.
Le Puits est édité chez Denoël en 2014. Ce premier roman d’Iván Repila est traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud, et préfacé par l’écrivaine cubaine Zoé Valdés. Pour les hispanophones, cette oeuvre est parue originellement chez Editorial Livros de Silencio en 2013, sous le titre El niño que robó el caballo de Atila.
Dans son premier roman, le jeune écrivain espagnol Iván Repila livre un duel — ou plutôt un duo — fraternel d’une force étourdissante, dont les acteurs sont deux enfants ; tel un conte de fées, il leur avait été demandé de traverser la forêt pour rapporter pain et fromage à leur mère… l’écueil ne fut pas le ventre du loup, mais la chute au creux d’un puits profond ! Comment remonter la pente ? Contraints à l’isolement et à l’enfermement, ces deux êtres en devenir puisent & épuisent toute l’énergie dont l’humanité semble capable.
Le grand nourrit son frère et lui-même ; il entretient les corps, le sien singulièrement par des pompes et autres exercices quotidiens… afin d’assurer la prime survie de la fratrie… et emprunter le chemin de la sortie.
Le petit, chétif, enfiévré, imagine… développe délires, devinettes, philosophie ; créateur de mots, de sons, d’histoires et de visions, il cultive l’esprit, sa résistance, en vue de la libération…
Mais je ne vais pas gâcher plus loin votre plaisir… je vous laisse prendre en main cette fable originale pour découvrir la suite… et la fin de cette aventure régénérante.