Apprendre à relativiser…
Poster un commentaire23 mai 2015 par Julie Curien
Jour de printemps, livre vert clair, cartonné oh so graphique, intitulé Pas tant que ça, par l’auteur vénézuelienne Menena Cottin, édité par Thierry Magnier dans la collection Tête de lard en 2014. En l’occurrence, c’est l’histoire, non pas d’un lard, mais d’un têtard, allez, non, d’une grenouille, mais petite, toute petite, et très observatrice : elle ne cesse de s’étonner et s’enthousiasmer des caractéristiques physiques et des comportements d’animaux dont elle croise la route : comme celui-ci est grand… comme celui-là est gros…
Or cette petite grenouille est loin de connaître tous les animaux : en voici un encore plus grand, un autre encore plus gros !! Et sa prime évaluation d’être, page après page, contredite par un énergumène toujours « plus » que le précédent, qui lui oppose à chaque situation la formule magico-pédagogique : « pas tant que ça » [« ni tanto », en V.O.]. Ainsi, la trompe de l’éléphant bat le long nez du tamanoir en termes de longueur, l’araignée l’insecte par la taille…
Connais toi toi-même : la grenouille va jusqu’à s’émerveiller de ses propres capacités — « quel saut impressionnant ! » — et subir à son tour les résultats de la comparaison avec un autre à ce niveau plus performant — « pas tant que ça », aux yeux du kangourou !
Un bestiaire rythmé pour se mesurer aux autres tout en relativisant, et inversement. J’aime tout particulièrement la souplesse infinie du narrateur amphibien, qui lui permet d’adopter les positions les plus acrobatiques au gré de ses promenades-découvertes et d’aiguiser ainsi sa perception !!