Face au cachalot, saudade moderne
Poster un commentaire16 mars 2015 par Julie Curien
Cachalot, de Daniel Galera et Rafael Coutinho. En noir et blanc, séquences de vie d’une poignée d’hommes et de femmes traversant une période difficile de leur vie, plongée, parfois sous drogue, dans les eaux sombres du Brésil. Sur le point de perdre les pédales, ces êtres humains esseulés constituent une galerie vivante d’une société qui dérive mais continue de se chercher :
Une jeune mère se confie à son ancien compagnon, écrivain malade en mal d’inspiration.
Une star déclinante du cinéma chinois, toute à ses excès, fait le deuil de son double, son ami, dont il est accusé du meurtre.
Un jeune homme s’attache à une princesse qu’il attache, mais l’extrême fragilité de sa douce l’effraie.
Un sculpteur se voit, ou se l’imagine, proposer de jouer son propre rôle dans un film.
Un gosse de riches, orphelin élevé par son oncle, fait les quatre cents coups.
De pages en pages se croisent les histoires de ces personnages qui résonnent entre elles : car dans ces eaux troubles, surgit parfois un monstre incarnant ce désarroi, le cachalot qui donne son titre à la bande dessinée, et trouve sa source dans l’enfance de l’humanité.
Une « saudade moderne », pour reprendre les termes de l’éditeur français, Cambourakis, traduite du portugais par Dominique Nédellec et publiée en 2012… Pour en savoir davantage sur ce roman graphique étonnant et plus encore, je vous recommande la lecture cet entretien avec Rafael Coutinho, et sachez également que Daniel Galera est l’un des auteurs invités au Salon du Livre 2015 de Paris.