Les brumes du passé
111 août 2014 par Julie Curien
Et c’est reparti pour un polar, aujourd’hui diantrement romantique : Les Brumes du passé, de l’écrivain cubain Leonardo Padura (né en 1955 à La Havane). Au début des années 2000, la Havane n’est plus que l’ombre d’elle-même, tant la crise a frappé. Mario Conde, inspecteur quinze ans plus tôt, et féru de bibliothèques depuis l’adolescence, vit désormais du commerce de livres anciens, anciennes richesses que les particuliers démunis échangent volontiers à bas prix contre des denrées plus utilitaires, édifiant le bonheur de collectionneurs et autres investisseurs.
Ce roman narre l’histoire d’une rencontre, entre le protagoniste principal et… une bibliothèque aux milles merveilles → à travers elle, une plongée dans l’histoire sociale cubaine via la révélation d’un drame, quelques cinquante années en arrière. Porté par ses intuitions, Le Conde mène une enquête personnelle à partir d’une coupure de journal trouvée dans un des trésors de bibliophilie, un fabuleux livre d’une cuisine dont la moindre recette promet des délices… Cette archive journalistique des années 1950 annonce qu’une chanteuse de boléro, Violeta del Rio, depuis presque tombée dans l’oubli, quitte la scène. Le nom, la photo, puis la voix de Violeta résonnent en Mario Conde, fasciné par ce fantôme d’une époque où la Havane était elle aussi « dame de la nuit », reine prospère de multiples festivités… et de passions ensevelies.
Entre les lignes, la comparaison entre l’opulence d’hier et la misère actuelle à Cuba, suite à la révolution et aux multiples restrictions : une ville où il faut désormais apprendre à naviguer entre les bas-fonds — prostitution, délinquance, corruption — pour sortir, peut-être, la tête de l’eau. Nul moralisme politique ici, mais un propos poétique, nostalgique et nuancé (d’où venait la richesse d’antan ? quelle rôle joué par la mafia ?)… Mille merci à l’auteur de nous livrer, au gré de cette traversée, le point de vue d’un personnage sensible et profondément humain, pour qui priment l’amitié, l’amour, les souvenirs, l’éthique et le bonheur d’un présent à vivre.
Oh la la ! Mon livre préféré de Padura, que j’aime énormément. Lu il y a déjà un moment, à sa sortie peut-être bien, je l’ai partagé avec plein de gens. Oui, très romantique, et ce Condé bibliophile, et les repas entre amis ( ça, ce sont mes passages préférés chez Padura ). En tous cas, merci de parler de ce livre et de cet auteur!