Double trouble : aux frontières du théâtre

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17 mai 2014 par Julie Curien

Vous n’êtes pas sans savoir que l’Argentine est une terre de théâtre… Et si vous l’ignoriez, je vous invite à parcourir ce petit article sur un site de tourisme qui en narre l’histoire et les spécificités. Aujourd’hui, je vais vous parler de deux livres qui explorent les coulisses de mondes scéniques, où comédie rime avec outrecuidance, folie et tragédie, sans que le bon goût ne soit toujours au rendez-vous. Humez : un parfum d’étrangeté accompagne les lignes qui suivent…

Rien que du cinéma

El Tigre

Dans le delta du Rio Paranã, non loin de Buenos Aires, sur cet îlot perdu et tourmenté qui se nomme El Tigre, il était une fois une maisonnée sur pilotis habitée par une servante et sa maîtresse — comprenez un servant et son maître, friands de travestissement… Les deux compères-commères ont une passion insolite : tous les samedis, ils se font littéralement leur cinéma, en invitant amis voire étrangers à endosser le rôle de stars disparues, pour rejouer la scène mythique de tel ou tel film hollywoodien. Dommage, si l’idée originelle semble positivement originale, le décor et les personnages tombent dans une comédie musicale — dont il faut imaginer la musicalité — version vaudeville, et les éléments naturels se déchaînent à l’extérieur tandis qu’à l’intérieur on sombre dans un délire difficilement partageable. Les fantômes cinéphiles n’auront en ce qui me concerne pas tenu leur promesse, sublimer le modèle.

… tout un roman

peau dure

Le troisième roman de Fernanda García Lao, La peau dure, nous fait entendre la voix de Violeta, 31 ans, comédienne de métier et mère célibataire à ses heures perdues. Hélas, sa double existence professionnelle et personnelle est placée sous le signe de l’échec : elle traîne de casting en casting, et, malheureuse, frustrée, se coupe de son fils et de ses proches… jusqu’à se couper d’elle-même : tout est donc pour le pire lorsque Violeta, se blessant à la main, ne cherche en rien à se faire prodiguer des soins. La main gangrène… finit par être amputée et « remplacée » par une autre, un double, « oxymore anatomique », qui, selon Violeta, aurait son autonomie, ses souvenirs, ses envies. La narratrice doit alors composer avec son corps qui ne lui est plus propre et la démange plus que jamais dans son amour-propre. Un exercice de style, audacieux et curieux, qui interroge l’individu, ses pulsions et ses représentations. [Extrait à découvrir ici]

Tomber de rideau, reste à méditer sur le théâtre… 
que dis-je, sur l’être humain.

 

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