America latina, 1960-2013

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15 mars 2014 par Julie Curien

Anna Bella Geiger, História do Brasil: Little Boys & Girls, 1975. Photographie couleur, 30,5 x 24 cm.

Anna Bella Geiger, História do Brasil: Little Boys & Girls, 1975.

La fondation Cartier pour l’art contemporain présente, du 19 novembre 2013 au 6 avril 2014, America Latina 1960-2013, en coproduction avec le Museo Amparo de Puebla (Mexique). Cette exposition de photographies contemporaines propose une plongée visuelle dans un continent mouvementé et contrasté, en quatre volets :

Territoires à interroger

Où le spectateur perçoit la place a priori prépondérante du tourisme dans les problématiques de représentation du territoire latino-américain, via les cartes postales et photos de voyageurs… et ce qu’elle cache : derrière les clichés, les artistes exposés tendent exprimer les réalités composites de terres et habitants singuliers en manque de représentativité.

Ainsi, Regina Silveira (1939, Brésil) introduit, dans des lots de cartes postales, des éléments parasites grâce à des impressions sérigraphiques par lesquelles l’hors cadre vient compléter — questionner — le cadre, le tout illustrant le Brésil d’aujourd’hui (« Brazil today »). Elle compose aussi un puzzle cartographique ouvert, où les icônes d’Amérique latine côtoient des zones d’ombres ; l’installation évolue, au fil des expositions : le puzzle reconstitué n’est jamais tout à fait le même, l’artiste invitant le public à faire bouger les stéréotypes pour mieux saisir la complexité du continent.

Regina Silveira, To Be Continued : Latin American  Puzzle, 1997

Regina Silveira, To Be Continued : Latin American Puzzle, 1997

Parallèlement, dans « História do Brasil : Little Boys & Girls » (1975), dont l’image ouvre cet article, Anna Bella Geiger expose les peuples indigènes sous/sur les yeux d’individus occidentaux, issus de la colonisation.

Villes

Un volet entier de l’exposition est consacré aux villes latino-américaines, en ce qu’elles concentrent les problématiques sociales et politiques, et constituent pour les artistes des lieux d’échanges et de rencontres.

Pablo Ortiz Monasterio, photographe mexicain, montre dans « Volando bajo » (Voler bas) un jeune qui saute ; derrière lui, sur un mur, le graffiti d’un pistolet. Portrait mobile, pris sur le vif, concentré de violence ambiante et de dynamisme humain. Dans cet entretien, l’artiste raconte comment cette photo est née :

Au moment où il m’aperçoit, je vois le graffiti avec le pistolet sur le mur et je sors ma caméra. Quand il voit mon appareil, il saute immédiatement au-dessus du petit canal qui sépare le mur et le chemin. C’est-à-dire il réagit par rapport à ma caméra. C’était simplement génial.

Pablo Ortiz Monasterio, Volando Bajo.

Pablo Ortiz Monasterio, Volando Bajo (1989).

Graciela Sacco, photographe argentine née en 1956, va, quant à elle, investir l’espace public (murs, lieux d’affichages publicitaires, panneaux de campagnes électorales) pour faire voir une autre voix, avec sa série « Bocanada ». Cette installation a été réalisée en 1993 et 1994 à partir de photos de bouches grandes ouvertes en plan resserré, déclinées sur différents supports, alignées les unes après les autres, comme un message sans fin. Ces mille et une bouches forment un cri sourd qui interpelle le passant & le spectateur, signifiant visuellement l’impossibilité de s’exprimer, la misère, la faim, la peur, l’outrage… la question, selon l’artiste, reste ouverte.

Graciela Sacco, série Bocanada (1993-1994).

Informer et dénoncer

La violence monte d’un cran quand l’art se fait l’écho, contestataire, des dictatures et mouvements révolutionnaires des années 1960 et 70, dans le sillage de la révolution cubaine : ici, la mort règne.

Après le cri sourd de Graciela Sacco, les archives muettes de Johanna Calle, artiste colombienne : dans sa série « Pie de fotos », elle expose des pages blanches, sans aucune image, discrètement complétées par des légendes parlantes, comme tapées à la machine à écrire, où il est question des cadavres et de la brutalité de la répression.

Leon Ferrari, photographe argentin, dénonce la relation entre la violence et la religion, et Teresa Margolles, artiste mexicaine, les disparitions dites suicidées, qu’elle met en scène dans des cinémas abandonnés.

Mémoire et identités

 Fredi Casco, série Fotozombie (2011).

Fredi Casco, série Foto Zombie (2011).

Les disparus réapparaissent ici, sous forme de zombies (Fredi Casco) mais aussi de musée (néo inca, par Susana Torres entre 1939-2013).

Et pour clore cette exposition sur une note de couleur, place à la détonante mais bienvenue « pop latino » de Marcos López, qui, critiquant énergiquement la société de consommation, se présente comme l’Andy Warhol du sous-développement :

Marco Lopez, série Pop Latino (1996).

Marco Lopez, série Pop Latino (1996).

 

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