La vache !
121 juillet 2013 par Julie Curien
C’est l’été, il fait trop chaud pour sortir, vous avez envie de dormir ? Ne cherchez plus : après votre bain de soleil, fermez les stores, prenez un bon DVD, et hop, séance maison-ciné. Recommandation du chef : optez pour une comédie bourrée de gags qui, sous ses abords insolites, redonne espoir en l’humanité et la solidarité : El Chino de Sebastian Borensztein !
Oui oui… il y a bien une vache en train de chuter sur cette affiche. La vache ! Incongruité n°1 : si le Gaulois craint que le ciel ne lui tombe sur la tête, c’est une vache qui choit sur la Chinoise et le Chinois, tuant la belle aussi sec. L’inconsolable amoureux, pleurnichard de première, quitte alors sa patrie, pour se réfugier auprès du seul membre restant de sa famille, un oncle immigré en Argentine.
Or il était une fois, en Argentine… un Argentin des plus grognons. Solitaire… n’ayant toujours pas digéré le deuil de sa mère, pourtant survenu des années plus tôt quand il était minot. Incongruité n°2 : ce quincailler n’a qu’une joie, la lecture de fais divers bizarroïdes ! Étrangement (ou pas), surtout ceux qui font état d’accidents mortels, qu’il réinvestit en rêvant qu’il est le héros donneur de mort !
Le film raconte la rencontre de ces deux énergumènes, leur entraide, méfiante d’abord, puis ouvertement constructive, si bien que le quotidien renaît de ses cendres pour accoucher d’un nouveau lendemain. Exit le poids de l’habitude, vivent l’amitié… et l’amour (non, non, pas entre le Chinois et l’Argentin, le film ne joue ni la carte homosexuelle, ni le gag homophobe que j’avais peu apprécié dans un film américain approchant, Planes, Trains and Automobiles traduit par Ticket pour deux, de John Hughes / oui, oui, avec une charmante demoiselle de la campagne argentine, qui possède, oh surprise, une bien belle vache… la vache).
Des incongruités en pagaille !
L’apprivoisement des uns et des autres, dans ce film, s’exprime toujours par des décalages qui invitent aux sourires, parfois aux rires. L’envie de connaître l’autre, sa culture, son histoire ; le respect. Ainsi, ce dîner avec des amis, juste après que les deux personnages se soient rencontrés.
– Ça a l’air de lui plaire !
– Évidemment que ça lui plait, ils sont des milliers, ils mangent ce qu’il y a, ils sont pas comme vous ! Ce sont des sages… Ils mangent des scorpions, des serpents, des fourmis.
[…] Regarde ces cheveux lisses. Et ça, depuis des millénaires…
En lieu et place de poncifs, l’expression de nuances, comme dans cette géniale séquence où l’Argentin emmène le Chinois à China Town, Buenos Aires, pour qu’il retrouve son oncle grâce au bouche à oreilles… et où il se rend compte que les Chinois ne parlent pas tous la même langue ! Dur, dur de se comprendre et de saisir la singularité des gens.
Ce que je trouve remarquable dans ce film, c’est le passage progressif de l’incompréhension à la démarche de trouver des réponses, des solutions. Tout au long de l’œuvre, le personnage argentin et le spectateur sont dans le même bateau : quand le Chinois parle en mandarin, nul sous-titre ; on s’identifie à l’Argentin, on cherche à notre tour à aider le visiteur égaré.
In fine, ce drôle de film, en apparence léger, panse la blessure de l’absurdité : il permet de (re)trouver un sens grâce à la conscience de la différence. Attendez-vous à vous attendrir et à vous ouvrir !
c’est un bon moment ce film.
J’aime beaucoup Darin.
sympa votre blog.